Présentation de la table-ronde :
Les pouvoirs publics ont, à travers les politiques publiques et les moyens de l’administration, entamé les différents chantiers, inséparablement scientifiques et politiques, de la transition écologique, tels que les politiques climatiques (réduction des émissions et adaptation), la protection de la biodiversité, la transition énergétique (décarbonation et électrification), l’économie circulaire, la permaculture, la sobriété, l’aménagement durable du territoire (artificialisation des sols et densification), la gestion intégrée des eaux, etc.
Les défis sont nombreux, épineux et d’apparence inextricable, à la fois dans les diagnostics et la recherche de solutions : la disproportion des échelles d’action, les inerties des dépendances de sentier, l’ampleur des transformations et des mobilisations nécessaires, la disparité des temps, individuel, démocratique, écologique et administratif, les cloisonnements sectoriels et institutionnels, la diversité des points de vue, les jeux politiques et géopolitiques. Tous les sujets de droit sont concernés, voire des parties prenantes non présentes (générations futures, populations éloignées), et bénéficient ou contribuent conjointement, souvent de manière indiscernable ou incertaine, aux causes ou conséquences de ces actions. De manière plus immédiate, les chaînes de valeur étendues des biens et services -voire leur intersectorialité- imposent la cooptation de la gouvernance (privée) des entreprises et des secteurs économiques ou encore de la mobilisation, et parfois de l’auto-organisation (les “communs”) des citoyens et des consommateurs, comme un acteur clé de ces transformations sociales et économiques émergentes.
Les administrations publiques, centrales comme territoriales, ont donc été chargées de transformer l’impensable et l’impossible d’hier et d’aujourd’hui, non seulement en pensable et en possible, mais également en réalisations administratives durables pour demain.
Depuis la mission « Adaptation au changement climatique » de l’UE (H2020), aux Plans action climat nationaux, et aux agendas 21 des collectivités, un grand foisonnement de dénominations recouvrent les différentes « climatisations » de l’action publique (Hrabanski et Montouroy 2022), dont les politiques en faveur de l’environnement, les politiques publiques de transition écologique, la politique climatique, les politiques d’atténuation du changement climatique, politique d’adaptation au changement climatique, etc. On constate d’ailleurs, à travers l’Europe et le monde, une grande diversité des approches empiriques, avec deux grandes composantes : l’atténuation (limiter l’impact des activités humaines sur le climat et l’environnement) et l’adaptation (limiter les impacts des évolutions du climat sur les sociétés humaines et l’environnement).
Cette table ronde est appelée, en première intention, à effectuer un point d’étape : avec le progrès des savoirs et des mises en œuvre, comment les diagnostics de ce qui est possible et (encore) impossible ont-ils évolué dans les politiques de transition écologique ? Comment se déplace au fil du temps le caractère inextricable, épineux (« wicked ») des problématiques environnementales ? Elle s’interroge ensuite sur les réussites de mise en œuvre des politiques publiques sur lesquelles on peut prendre appui, et sur les défis nouveaux de ces mises en œuvre. Enfin, à l’heure où des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre toujours plus ambitieux sont annoncés, la politique climatique est encore à la recherche des moyens qui lui permettraient d’atteindre ces objectifs. Dans le dialogue entre les administrateurs, consultants et chercheurs, vers quels sujets les sciences sociales, et tout particulièrement le management public, devraient-ils tourner leur regard à ce stade pour mieux dialoguer avec les acteurs de ces politiques, administratifs, sectoriels, sociaux, et proposer des apports plus percutants au besoin d’accélération des effets de ces politiques ?